Notre arrivée sur le sol Bolivien se fait sans difficultés. Nous arrivons à 14h à la frontière, pas de chance le poste ne réouvre qu’à 14h30…la pause repas c’est sacré ici ! Une fois ouvert le douanier est sympa, il nous tamponne nos passeports et nous laisse partir sans fouiller les sacoches...2mn au lieu des 1h30 passées pour entrer au Chili…on est ravis !
Les premiers coups de roues sur le sol Bolivien sont un peu compliqués, la route est absolument pourrie. Une piste de terre, pleine de trous qui nous secoue dans tous les sens. On nous avais dit que la Bolivie était « le pays sans asphalte »…on commence à craindre que ce soit vrai ! Objectif du soir, le village abandonné de Chiguana. Nous étant trompé de route, nous finissons nos 5 derniers Kms en coupant à travers le salar et là... c’était magique ! Traverser cette immense étendue lisse, entre sel et terre, à perte de vue procure une sensation de liberté, d’unicité assez intense. Arrivés à Chiguana on s’installe dans l’arrière pièce de l’ancienne gare : un petit coup de balais, une petite réparation de la fenêtre cassée avec un 2 bouts de tôle et on peut installer bâches et matelas pour la nuit !
Le lendemain on continue à traverser le salar direction la 1ère ville Bolivienne : San Juan. Le passage du salar à la ville ne fait pas de différence…pas un chat dans les rues…on dirait une ville abandonnée ! On semble voir des gens sur la place principale, on y va et en effet…tout le monde était là ! Des jeunes habillés en gardes, en gentleman, un couple en costumes royaux avec tous les gens autour prenant des photos...On pensait a un mariage. Mais un homme clamait des choses parlant de Paris, Versailles, Montesquieu et fini par montrer une carte de France. On est en fait tombés sur une pièce de théâtre sur l’histoire de France…improbable ! On assistera à la prise de la bastille et l’énumération des différentes tortures de l’époque en mangeant de bonnes petites empanadas :D On profite d’être proche du salar pour dormir dans un hôtel fait 100% en sel du sol au plafond. Notre journée de repos sera occupée à glander, faire des lessives, réparations et surtout...cuisiner !! Crêpes, chappattis, frites maisons, légumes sautés…On adore quand on trouve un hôtel avec accès à la cuisine <3
La météo a décidé de continuer à nous mettre des bâtons dans les roues. Le jour où nous pensions partir pour le salar, le ciel est très chargé et il neige légèrement. Hors de question de faire la magnifique Salar d’Uyuni sous un ciel gris. Nous partons de San Juan pour dormir un peu plus proche du Salar dans le village de Colcha K. Seulement 35kms nous séparent de ce village, mais le vent de face violent continu à nous mettre à l’épreuve…décidément il ne nous laissera jamais celui-là ! On croise nos premiers lamas en liberté, avec leur position droite très digne et leurs petites décorations attachées aux oreilles…ils sont magnifiques ! Nous trouvons à Colcha K une auberge tenue par une petite mamie (Bertha) et son mari (Ignacio) très sympathiques. On la verra dans l’après midi tisser une ceinture pour sa petite nièce sur son métier à tisser fait maison avec quelques morceaux de bois et d’os de lama.
Après 1 jour de repos ici la météo se découvre enfin…à nous le fameux salar d’Uyuni ! Après 25km sur une piste plutôt bonne nous tournons sur une étendue de terre entrant sur le salar. On descends de cette petite route et nous voilà pédalant sur cette grande étendue de sel à perte de vue. On s’attendait à des craquelures sur le sol (comme sur les photos !) rendant l’avancée en vélo un peu difficile mais c’est finalement sur une surface lisse comme une boule de billard que nous pédalons. Avec l’effet d’optique du sel les îles environnantes semblent flotter dans l’air, on a la sensation de traverser un paysage d’un autre temps. On craignait de croiser plein de 4x4 touristiques mais notre 1ère journée de traversée direction l’île d’Inkahuassi se fera complètement seuls sur le salar. Malgré qu'aucune route n'existe vraiment sur le salar (chacun trace son propre chemin!) on n'a pas de mal à se repérer, l'ïle d'Inkahuassi se voit de loin et en cas de doute, notre application maps.me nous confirme qu'on est sur le bon chemin. Un petit pic Nic au milieu de nulle part et on se remet en route direction l’île pour y planter la tente pour la nuit.
Arrivés là bas on y croise 2 cyclistes hollandais avec qui on était à San Juan, mais aussi 2 français et 1 ukrainien…une vraie colo de vélos ! L’île est bien sûr également pleine de touriste mais pour notre plus grand bonheur à 17h, tous les tours s’en vont pour dormir ailleurs et il ne reste que nous, les cyclistes, et la famille qui vit sur l’île…la magie peut commencer ! On installe les tentes sur ce sol de sel et on profite du coucher de soleil magnifique et l’arrivée du ciel étoilé. Bon…pas trop longtemps car il fait frais, on se met vite dans les duvets !
Le petit déjeuner du lendemain ne sera aussi magique, dès le lever du soleil les 4x4 débarquent et les touristes affluent dans tous les sens. On est assis par terre à prendre notre petit déjeuner à coté des tentes au milieu de ce passage sans fin. On à l’impression d’être comme des SDF dans la folie de la ville, à la seule différence que nous on attire l’attention des gens. Le froid et le monde nous poussent à partir vite. On embarque avec nous Pim & Ellen les 2 hollandais. Petite pause repas et photos classiques du salar (ben oui, on est des touristes nous aussi quand même :D) et on se remet en route. 100km nous séparaient de la ville d’Uyuni, ça a été une grosse journée avec une fin plutôt difficile (la sortie du salar s’est transformée en marais de sel et d’eau puis en boue…ça nous apprendra à vouloir quitter le chemin principal pour couper au plus court !).
On nous avait présenté la ville d’Uyuni comme une ville sans intérêt, un simple point de passage pour le salar. On en a eu une vision totalement différente. Le lendemain de notre arrivée on tombe sur un grand marché de fruits/légumes/vêtements/outils en tout genre avec des femmes vendant des plats dans la rue…voilà enfin l’Amérique du Sud que l’on cherchait ! Fini les supérettes et supermarchés, on trouve ici la vie et la tradition qu’on attendais ! Il est vrai que les extérieurs de la ville ne sont pas magiques magiques mais le centre a quelque chose de sympa avec sa tour blanche comme neige plantée au milieu de ces petits immeubles plutôt foncés et ses wagons de trains et statues de mécaniciens sur le terre plein de l’avenue principale.
En arrivant d’Argentine et du Chili en tout cas, cette ville a quelque chose !
La sortie d'Uyuni n'est pas des plus simples. Juste aux portes de la ville nous attendent 2 belles côtes bien raides. Mais le jeu en vaut la chandelle, derrière nous attendaient 20km de pente douce nous poussant à 50km/h sans pédaler !! Le kiff suprême. On avait l'impression d'être en scooter, on n'avait même pas besoin de pédaler dans les petites côtes, on perdait à peine de vitesse ! Les paysages étaient divins entre montagnes et vertes vallées, le tout sur une magnifique route asphaltée... Le paradis des cyclistes ! 🚴♀️ Nous traversons ensuite des plaines remplies de lama (zut...ça s'est signe qu'il fait chaud la nuit !) jusqu'au petit village de Tica Tica où l'on installe le campement pour la nuit derrière un mur (le vent souffle !) à côté du Rio (source d'eau pour le repas). Alors qu'on s'était préparés psychologiquement à affronter les côtes nous menant jusqu'à la ville de Potosi plus haute ville du monde perchée à 4090m... Ce sera finalement en bus qu'on y arrivera. La nuit a Tica Tica, la maladie me foudroie, je suis clouée au matelas ! On laisse partir Cyril, je me repose un peu et on prends tant bien que mal un bus avec Jo direction Potosi. Ce bus qui était une libération (bien que j'étais tellement pas bien c'était une horreur je voulais mourir dans le bus !) il ne l'a pas été jusqu'au bout arrivés à Potosi, la station de bus était située sur la partie milieu/basse de Potosi alors que le centre (et notre hôtel par la même occasion) était dans la partie haute. 2km avec plus de 100m de D+ alors que j'étais déjà incapable de pousser mon vélo sur du plat... On attache les vélos ensemble et Jo part en mule devant alors que j'essaye tant bien que mal de l'aider (et surtout de rester debout et en vie !). Après 30/45mn de supplice je m'allonge enfin dans une chambre d'hôtel dont je ne bougeait pas avant presque 24h.
Après 4 jours de pause suite à des maladies consécutives Moi puis Jo puis Moi on reprends enfin la route direction Sucre (se dit "soucré" en espagnol) , LA CAPITALE ! , mais pas en grande forme. La sortie n'est pas des plus agréable...routes toujours en pente (pas douce du tout !) avec les minibus et voitures qui nous crachent leur fumée au visage...on a l'impression d'avoir fumé 4 paquets de clopes ! Pas mal pour la remise en forme 🤤
Mais une fois sortis de tout ça, de beaux paysages et de l'air pur s'offrent à nous. En plus, on fera plein de belles rencontres sur ce chemin. Tout d'abord Ulrich, un allemand vivant à Sucre avec sa femme péruvienne, que l'on croise sur la route alors qu'il faisait lui aussi Potosi/Sucre (mais en VTT avec juste un sac à dos). Il nous propose de venir tous les 3 dormir chez lui quand on arrivera à Sucre... Adorable ! A peine quitté Ulrich on entre dans le village de Bentazos pour y faire notre pause repas et on y rencontre Israël, un cyclotouriste Brésilien. C'est tous les 4 que l'on reprendra la route après manger.
Après une belles étape de 102km avec 717m de D+ tout en étant encore un peu malade, c'est un peu sur les rotules que l'on arrive à Millares pour y chercher un lieu de campement.
Lorsqu'on installe nos 3 tentes le soir sur le bord de rivière, on a un peu la sensation d'être en colonie 😊
Une 2e grosse journée nous attends jusqu'à Sucre, et ça a pas été de la tarte. 3 côtés nous attendent. Une 1ère petite qui nous amène jusqu'à Puente Mendez, un magnifique ancien pont pédestre en planches de bois et câbles, avec à ses 2 extrémités 2 grandes arches signes de portes de château. On jouit à côté d'une superbe vue sur le Rio et la vallée. Une belle excuse pour une petite pause avant d'entamer la Vilaine côte jusqu'au village de Yotala. Et pour être Vilaine elle l'a été (800m de D+), et après elle une dernière belle afin de bien nous épuiser 😊
On fini par arriver à Sucre ou un bon jus d'orange frais nous requinquera ainsi qu'une bonne petite bouffe de stand de rue. On arrive dans l'après midi chez Ulrich et Theresa où on est accueilli chaleureusement. On y restera 5 jours avec Jo pour s'y reposer et y fêter mes 31 ans. Alors que Cyril nous quittera au bout de 2jours pour continuer seule (après plus d'1 mois à pédaler ensemble mine de rien !).
Cette toute petite capitale (juste administrative, la capitale économique est La Paz... Bien plus grande !) nous a beaucoup plus. Appelée la ville blanche, son centre est en effet constitué de bâtiments blanc, dans certains endroits on se croirait même en Grèce !
On a aimé : ce mix entre ville calme et marché très animé, les personnes déguisés en zèbres qui font la circulation tout en en dansant et aident les personnes en difficulté à passer, sa quantité incroyable de jeunes qui investissait la place centrale à chaque sortie d'école, son marché centrale avec étales de fruits, fromages de brebis, viandes, pains, gâteaux, jus de fruits...On a adoré son délicieux restaurant Thai qui nous a fait nous évader un peu du poulet/riz/frite bolivien.
Hélas l'effet grosse ville entraîne aussi la pauvreté. Nous voyons pour la 1ère fois des personnes dans la rue et ce sont hélas des enfants. Les trottoirs des rues du centre sont remplis de dessins à la craie, fait par des enfants pauvres pour récolter quelques bolivianos.
Après s'être bien reposés et avoir fait une petite sortie vélo avec Ulrich dans les hauteurs de Sucre, il est temps pour nous de reprendre la route.
Après ces 5 jours de repos chez Ulrich et Theresa, c'est donc à 2 que l'on reprend la route (Cyril est reparti plus tôt). Et non sans mal...pas parce que nos muscles se sont ramollis, mais bien parce que certaines rues de Sucre grimpent tellement fort que l'on doit pousser les vélos ! Mais bon, voilà cette épreuve passée, pour la suite on nous a annoncé "pura bajada"(que de la descente) jusqu'à Puente Arce (notre lieu de bivouac du soir)...GENIAL ! Enfin bon ça c'était sur le papier, la réalité est toute autre ! On sait pourtant qu'il ne faut jamais se fier aux automobilistes qui n'ont pas la même notion du dénivelé que nous, mais comme des newbee on y a cru...autant vous dire qu’on a été plutôt surpris de se retrouver sur une belle côte sur quelques kms...Mais on commence à être habitué à ces choses-là. Et ce n’est que le début puisque de gros dénivelés nous attendent jusqu'à Cochabamba. Pour l'heure, nous descendons (finalement !) direction Puente Arce notre point le plus bas. On suit le Rio (rivière) tout au long de la journée entre montagnes luxuriantes, parfois ocres comme en Argentine, et champs au fond du canyon du rio. Ça fait du bien de redescendre en altitude (enfin...autour de 2000m quand même !), les paysages se verdissent, on retrouve nos petits cactus qu'on aime tant et surtout, le soir il fait bon ! Après le coucher de soleil on peut rester dehors, pas besoin de se recroqueviller au chaud dans la tente...génial ! Si la nuit à Puente Arce a été bercée par le calme et la nuit noire, ça ne va pas être le cas de la suivante à Aiquile. Arrivés dans le milieu de l'aprèm, on s’installe dans un coin au calme entre 2 murs et 1 terrain de foot, endroit recommandé par une vendeuse de nourriture de rue...Le terrain de foot...pas stratégique du tout en Amérique du sud ! C'était en fait le lieu d'activité du soir du village. De 18h à 22h, les matchs de foot s'enchainent. Pas de chance, notre tente est juste derrière une des cages et les tirs amateurs ne sont pas d’une grande précision ! Malgré les nombreux ballons reçus et les petits qui jouent juste à côté de notre tente emplissant l’air de la poussière du sol, ce sera une soirée très sympa au cœur de la vie du village en compagnie des jeunes enfants toujours très intrigués qui s'installent autour de nous. Vers 22h le terrain se vide…yes on va pouvoir dormir ! Ah...non...quand les humains partent, les meutes de chiens errants prennent possession des lieux. Au programme hurlements, aboiements et ce sans relâche...Non, cette nuit n'a pas été des plus reposantes !
On part ensuite direction Mizque où l'on devait déjeuner puis démarrer la grosse côte de 50km sur environ 2000m de D+. Mais cette petite ville nous plaît avec son grand marché extérieur et ses places verdoyantes. On y rencontre une famille originaire d'ici mais vivant en Espagne, ainsi que Claudia, une collègue de Ulrich (qui nous avait accueillis à Sucre). Elle nous accueille chez elle pour la nuit. La fameuse grosse côte on la fera donc en 1 journée. 8h30 de montée non-stop sur 57km et 1864m de D+ (le plus qu'on ait fait sur 1 journée) à travers pins et canyons rocheux...on se croirait en Ardèche ! C'était dur...très dur...mais quel bonheur d'entamer ensuite cette magnifique descente asphaltée pour aller dormir un peu plus bas en altitude au village de Rodeo. On s'installe à la tombée de la nuit sous le kiosque de la place centrale du village (d'après les conseils des locaux). A notre réveil nous admirons le spectacle quotidien du village. Les paysans partent aux champs avec leurs animaux, les enfants en uniforme courent vers l'école...On s'ajoute à ce mouvement (bien qu'on fasse un peu décalé avec le décor !) et on continue notre descente à travers les champs de blé moissonnés, soigneusement organisés en petits tas en forme de tipis. On descend jusqu'à une vallée et l'on terminera par une grosse ligne droite plate jusqu'à Cochabamba. La monotonie du paysage nous fait regretter nos montagnes malgré leurs difficultés !
On passe 2 jours à Cochabamba. C'est une très (trop) grosse ville pour nous. Elle a tout de même quelques attraits comme un des plus gros marchés à ciel ouvert d'Amérique du Sud organisé par sections (électronique, vêtements, bouffe, musique,etc...). Ça grouille dans tous les sens mais ça vaut le détour. Cochabamba a aussi plusieurs autres marchés alimentaires, comme celui de la Calle 25 de Mayo organisé lui aussi par sections (jus de fruits, boulangerie, stands repas, épicerie...), une belle place centrale ou encore un Jésus planté sur une colline surplombant la ville (plus grand que celui de Rio de quelques cms...oui messieurs dames !). Les escaliers y menant étant réputés être dangereux si on n'est pas en groupe (braquage armé quotidien), on prend gentiment le téléphérique pour y monter ! On découvre également dans cette grosse ville une ciclovia (piste cyclable) superbe qui nous fait pédaler à flanc de colline surplombant la ville offrant une vue magnifique. C'était sympa mais 2 jours sont suffisants. On reprend la route pour seulement quelques kms pour rejoindre la ferme agroforestière de Claudia (qui nous avait accueillis à Mizque) et David. Un petit Amanin (ferme agroécologique de Pierre Rabhi et Michel Valentin dans la drôme) Bolivien...le rêve pour moi ! Le jardin regorge de choses magnifiques : avocatiers, orangers, physalis, tomates, courges, arbres fruitiers exotiques...Claudia m'apprend à faire du chutney de Physalis et en retour on leur fait ma confiture de courges (spécialité des Amanins) et un petit choco aux épices pour aller avec le petit dej crêpes...YUMMY. On reste 4 jours pour aider mais hélas David n'est pas très dispo à cette période pour nous indiquer leurs besoins. On s'est donc senti un peu inutiles voire gênants mais c'était tout de même un beau moment et une belle opportunité de découvrir ce lieu magique. Cet arrêt non prévu nous ayant retardés sur notre programme, on prend un bus direction La Paz où on y arrive très tôt (6h30)...de retour en altitude et dans le froid !!