Après les dures épreuves de la traversée de la cordillère entre Argentine et Chili (vent et froid en même temps c’est compliqué !) nous voilà à San Pedro de Atacama, une belle petite ville mais hélas 100% touristique et ce n’est pas vraiment ce que nous recherchons. Nous partons tout de même faire un petit tour dans la vallée de la lune à quelques Kms de la ville. En moins d’1h de vélo on se retrouve dans un paysage totalement lunaire entre dunes de sables, montagnes rouges et le tout recouvert d’une fine couche de sel blanc…c’est impressionnant. Hélas l’afflux de touristes gâche un peu la magie du lieu mais lorsque tout le monde est rabattu pour aller voir le coucher de soleil sur la Dune principale, nous nous échappons pour faire une petite partie de la vallée…seuls…et là c’est magique ! :D
Nous sommes ici encore 5 avec Cyril, Mad et Jerem avec qui nous avons traversé la cordillère. Pour la suite nous partirons seulement à 3 avec Jo et Cyril. La suite, c’est…le fameux Sud Lipez en Bolivie, un des coins les plus reculés de la planète. Totalement isolé, soumis à de rudes conditions climatiques, c’est aussi (il paraît) un pays des merveilles : désert de sel blanc, lacs rouges ou verts, volcans magnifiques, lagunes avec flamants roses…On se prépare psychologiquement à retourner dans le froid. Mais la météo a décidé de jouer avec nous, la veille de partir, de fortes pluies s’abattent sur Atacama (on est quand même à l’entrée d’un des désert les plus arides du monde, la blague !!) ce qui signifie qu’avec le froid c’est des tempêtes de neige qui s’abattent sur le Sud Lipez et le paso (col de frontière) qui séparent Chili et Bolivie.
Après avoir attendu 1 semaine et s’être baladé dans les environs en attendant la ré ouverture des cols et frontières les nouvelles sont toujours aussi mauvaises. Il y a 3m de neige à la frontière et le Sud Lipez est inaccessible aux cyclistes…On ne peut rien faire contre la météo, on abandonne et on roule direction une frontière plus au nord du Chili, plus basse et donc tout le temps ouverte. On est déçus mais ça ne durera pas si longtemps, les paysages et rencontrent qui nous attendent nous consolent très vite.
Nous démarrons par la ville de Calama, à 95km de San Pedro. 35km de côté, 60km de descente, on est confiants pour le faire en 1 journée ! Mais les 1215m de dénivelé des 35kms ajoutés à la force du vent de face en décidera autrement. Nous devrons trouver un lieu plus ou moins abrité du vent au sommet à 3200m…la nuit fût fraîche. Arrivés à Calama (non sans peine car même en descente le vent de face nous mène la vie dure) le lendemain on découvre en soit seulement une grande ville sans grand intérêt, mais…car il y a un mais…avec 4 grands supermarchés ! En temps normal ça nous aurait fait fuir, mais après 1 mois et demi à ne trouver que des épiceries ou petites supérettes avec très peu de choix, on est comme des enfants au milieu de cette profusion et cette large gamme de produits ! On trouvera à Calama également une délicieuse boulangerie qui fera notre bonheur…de la bonne bouffe, il en faut peu pour nous rendre heureux !
Nous prenons ensuite la route pour Chuichui, un petit village où trône la plus vieille église du Chili, avec ses toits de bambou. C’est une mignonne petite église, rien d’impressionnant mais c’est quand même la plus vieille du Chili…ça suffit à nous ravir ! :D On campe sur les bords de rivière (avec BBQ à dispo SVP !) et on part le lendemain direction la Estacion San Pedro, notre objectif dej du midi. Au début la route se fait parfaite, asphalte, très peu de vent, on se fait une petite pause vers 11h trankilou, on est large dans le timing. Mais là…tout s’accélère. En 10mn le vent se lève violement et rends notre avancée compliquée, pour ajouter à cela notre belle route asphaltée se transforme en graviers. C’est sur les rotules déjà qu’on arrivera à la Estacion San Pedro. Plus de force pour repartir on part en recherche d’un coin de camping. Des travailleurs de la compagnie des chemins de fer nous ouvrent une pièce vide pour dormir à l’abri et nous proposent d’utiliser leur douche chaude et leur cuisine…On est aux anges ! La route du lendemain nous fera oublier la tristesse de ne pas faire le Sud Lipez. Après une belle montée nous arrivons sur les hauteurs du salar d’Ascotan avec une vue magnifique sur cette étendue blanche encerclée de montagnes noires avec leur manteau de neige posé sur leurs pics. La descente a pic n’offre pas moins de plaisir puisqu’elle nous permet de décrocher nos records de vitesse : Coco 82Km/h et Jo 87Km/h. L’amabilité chilienne nous ravira également ce soir là quand en arrivant à Cebollar, un village abandonné avec uniquement une exploitation de fertilisants, au lieu de planter notre tente nous sommes une fois de plus accueillis par les travailleurs. Mais cette fois c’est grand luxe : chambre avec 1 lit chacun, chauffage, diner et petit déjeuner (ils ont un chef sur place !).
Nous voilà de plus en plus proches de la Bolivie quand nous arrivons à sa frontière avec le Chili à Ollagüe. Mais un dernier petit challenge Chilien nous titille avant de passer de l’autre côté de la frontière. A 8km d’Ollagüe se trouve Amincha, le campement de l’ancienne mine de souffre du volcan Aucanquilcha. Mine oblige, une route mène jusqu’au sommet à 6000m, elle est vieille mais semble encore praticable selon un site de cyclistes que l’on a lu…on veux tenter ! Nous dormons le 1er soir au campement abandonné d’Amincha. Les maisons sont presque toutes délabrées (ou fermées a clé par des cadenas). Tout semble avoir été abandonné du jour au lendemain ici, comme si les gens avaient dut fuir (ce qui n’est pourtant pas le cas). Seules 2 petites mamies (veuves d’anciens mineurs boliviens venus travailler ici) vivent encore là. Elles nous laissent nous installer dans la seule des nombreuses maisons abandonnées qui est à peut près descente pour dormir. On se fait des chaises et une petite table avec des débris trouvés dans les autres…on est comme à la maison ! (Enfin…presque :D). Nous partons le lendemain pour notre ascension, les 2 premiers Kms se font facilement sur une piste praticable mais tout se gâte très vite. La piste ne nous permet pas de pédaler, il faut pousser les vélos. Nous avons laissé le maximum d’affaires (cachées dans une des maisons abandonnées) pour être le plus léger possible mais à cette altitude et avec quand même un poids d’environ 25kgs, les vélos sont comme des boulets que nous tirons, mais ils nous permettent de monter avec nos affaires (on n’a pas de sacs à dos). On arrive à les traîner sur 13,5km jusqu’à 4800m, mais la piste enneigée nous ralenti et rends le parcours avec les vélos compliqués. On les abandonne sur le bord de route, on les attache et on continue à pieds avec les sacoches sur le dos (pas pratique !). A pieds ce n’est pas moins dur mais plus rapide. Notre objectif de dormir dans des ruines à 5,6km de là pour être protégés du vent ne sera pas atteignable. Après 3,6km, la fatigue et le soleil couchant nous oblige à nous arrêter. Nous trouvons un espace relativement plat mais en plein vent. On se construit un petit mur pour protéger le bas des tentes et éviter que les sardines s’arrachent, on monte les tentes en vitesse et on se met au fond de nos duvets. Pas le temps de profiter du paysage (pourtant magnifique), à 5200m le froid ne pardonne pas dès le coucher du soleil. La nuit fût difficile, Jo a souffert du mal des montagnes et le vent n’a pas cessé faisant claquer notre tente toute la nuit. A 6h du mat les douleurs deviennent trop forte pour Jo, on remballe le camp au plus vite dès le lever du soleil et on redescends fissa pour soulager les douleurs et les vomissements.
On revient dans notre « chez nous » au campement d’Amincha pour se reposer après cette ascension plus que difficile mais avec de beaux souvenirs.
Le lendemain nous passons la frontière, à nous la Bolivie tant attendue !!!